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Fantine RATTE

22/11/2022 "Priay" La vie cheminote de Narcisse.


Résidant à Monal Seniors Priay depuis 7 ans, Narcisse Christin, 96 ans, est aussi le doyen du « musée du Cheminot » d’Ambérieu-en-Bugey. Mardi dernier, il a partagé sa passion avec les autres seniors (en bas de cet article, retrouvez l’intégralité de son discours).

Le 22 septembre dernier, quelques résidants s’étaient rendus au musée ambarrois. Cette visite a été filmée par Annick Brison, notre AES (Accompagnante éducative et sociale) et rediffusée sur écran pour celles et ceux qui n’avaient pu s’y rendre. Un quiz sur l’histoire de la SNCF a permis de tester les connaissances de chacun et d’apprendre de nouvelles choses sur l’univers des trains, parfois surprenantes !

Le clou du spectacle s’est voulu convivial et gourmand avec un gâteau « ganache-chocolat-mousseline-framboise » confectionné par Mélanie, agent polyvalent et pâtissière hors-pair. Bien évidemment, elle a pris soin de le réaliser en forme de train. Une attention particulière qui a été appréciée par Narcisse qui n’a pu cacher son émotion : « A la SNCF nous étions une grande famille. A Monal, on est aussi une grande famille. Merci à tous ! Le personnel et les résidants ! »

Le récit et l'histoire touchante de Narcisse Christin :

« Permettez-moi de me présenter pour les derniers résidants arrivés. Je m’appelle Narcisse Christin. J’aurai 97 ans le 2 février prochain. Je suis natif de Bourg-en-Bresse. Nous allons tout d’abord expliquer pourquoi je fais cette animation avec Nourdine et Annick.

J’ai fait l’essentiel de ma carrière à la SNCF. Ma passion pour les trains a commencé dans des circonstances tragiques. En effet, à l’âge de 9 ans, j’ai perdu mon père Joseph. Il était chauffeur de route* à la SNCF au dépôt d’Ambérieu. Le 2 août 1935, il a eu un accident par l’explosion de sa locomotive avec son mécanicien Monsieur Doumeng. Après l’enterrement où 5000 personnes se sont rendus dont une forte proportion de cheminots. Ma maman Marie-Angèle se voit proposer la gérance de la coopérative PLM* à Saint-Denis-en-Bugey où nous avons vécu avec mon frère Serge, de 3 ans mon cadet. Nous étions pupilles de la SNCF. J’ai suivi ma scolarité primaire à Ambérieu et en 1940, alors âgé de 14 ans, je fais mon entrée en apprentissage au dépôt d’Ambérieu. C’était une formation complète où on apprenait certes le côté technique de notre futur métier mais aussi à développer notre culture générale. Au bout de 3 ans, j’ai eu mon CAP d’ajusteur. J’ai eu de bonnes notes et on m’a donc proposé un stage de chaudronnier au dépôt de Oullins (près de Lyon). Un stage de 6 mois. J’ai donc eu mon deuxième CAP en accéléré.

Je reviens à Ambérieu où j’ai travaillé à l’atelier jusqu’à mes 19 ans. Mais mon désir de rouler et devenir chauffeur comme mon père était plus fort que tout. J’ai donc suivi une formation de chauffeur de route. Avant d’être nommé, j’ai été appelé sous les drapeaux en Allemagne pendant 1 an en qualité de sous-officier. A mon retour, j’ai exercé pendant 8 ans comme chauffeur. C’est l’époque de la fin des trains à vapeur. Une vraie révolution avec le passage au train électrique...

Quand je suis revenu à Ambérieu, j’ai repris mon poste de chauffeur de route. Puis, j’ai intégré l’école électrique pendant 3 mois pour se mettre à l’ère naissant du train électrique. J’ai réussi les examens haut la main. Pour l’anecdote : sur 21 candidats, j’ai terminé 1er devant un chef conducteur d’Ambérieu. J’ai été employé au début comme aide-conducteur. Mais ma polyvalence m’a permis lors de la transition entre la vapeur et l’électrique, d’assurer plusieurs postes. Pour illustrer, la ligne Ambérieu-Culoz était à la vapeur et Culoz-Genève était électrifiée. Il m’est arrivé donc d’être chauffeur de route sur une partie de la ligne Ambérieu-Genève et aide-conducteur sur la deuxième partie de l’itinéraire. A partir de 30 ans, je deviens enfin Conducteur-électricien jusqu’à la fin de ma carrière. Après des aléas dans ma vie personnelle, en 1974, à 48 ans, je débarque au dépôt de Villeneuve-Saint-Georges en région parisienne. Je vais y travailler deux ans avant de prendre mes droits à la retraite. Pour arroser mon départ à la retraite, j’ai invité mes amis conducteurs de Villeneuve et d’Ambérieu. Jusqu’à aujourd’hui, je suis en contact avec mes camarades car la SNCF : ce n’est pas qu’une entreprise, c’est une grande famille. A Monal aussi, on est une grande famille ! (...) »

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